Les jardins japonais ont vu le jour à la fin du Moyen Âge. Ils sont le symbole de la sobriété, de la zenitude et de la purification du monde extérieur. Leurs rôles étant entièrement dédiés à la préparation de la cérémonie du thé. Le jardin n’est autre que le parcours pour accéder à la maison de thé.
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La naissance des Jardins de thé
À la fin du Moyen-Âge Japonais, deux courants s’affrontent dans l’esthétique. Le premier est sur l’opulence et la richesse décorative, fondée par les Daimoys. Le second est sur le raffinement et la sobriété. C’est ainsi qu’est né un nouveau style de jardin zen fondé sur l’art du thé, le Wabi Sabi. Soit le développement du Wabi – Sobriété.
Au Japon, les nobles de l’époque de Muromachi et Momoyama, utilisent cet art pour montrer leurs prestiges et leurs pouvoirs. En parallèle, les moines et les marchands vont privilégier le Wabi, la sobriété. C’est ainsi que les cérémonies du thé (Cha no Yu) ont vu le jour.
Au début, cette cérémonie (nommée Tocha), était un prétexte pour les seigneurs importateurs de rassembler, vendre et présenter les nouveaux produits venus de Chine.
Par la suite, un marchand japonais du nom de Takeno Joo, inculqua les notions de sobriété et frugalité à son disciple Sen no Rikyu. Il fut désigné comme l’un des premiers maîtres du thé.
Celui-ci porta cette cérémonie à des sommets de raffinement. Il bannit les objets coûteux pour l’utilisation d’ustensiles ordinaires. Ainsi elles avaient lieu dans un modeste toit de chaume.
Afin d’aller plus loin dans cette sobriété, les maîtres de thé eurent besoin d’un nouveau type de jardin qui la représentera. Un jardin de thé entièrement dédié à la réalisation de cette cérémonie.
Le jardin de thé
Le petit jardin de thé émergea à la suite des jardins secs japonais. Il a pour fonction d’être une jonction entre le monde profane à l’extérieur du portique d’entrée, et le monde sacré de la cérémonie de ce breuvage.
C’est l’allée qui conduira les invités au pavillon ou va se dérouler la cérémonie.
Le roji
Cet espace vert japonais sera nommé Roji, ce qui signifie « le chemin ».
Il est conçu dans le seul but de permettre à l’invité le passage entre un monde mondain et celui de la cérémonie. Il traduit l’état d’esprit libéré des désirs et des tentations du monde, idéal pour se concentrer sur la cérémonie.
Des espaces végétaux y sont soigneusement sélectionnés. Pour la plupart des plantes, elles proviennent de la montagne. Le jardin cherche à provoquer la sérénité et le calme profond qui y règne. Le parcours de thé doit reproduire celui de la ville à la cabane d’un ermite en miniature.
Selon Sen No Rikyu, « le roji idéal contient six parts de parcours pour 4 de paysage ».
Bassins et allées de pierres
On trouve aussi dans ce jardin japonais un chôzugamae. Une structure créée pour se purifier les mains. De nos jours, on appelle cela un tsubukubai, qui se traduit par un bassin utilisé pour la purification des mains.
C’est un arrangement de pierres avec un bassin devant lequel on s’accroupit pour se purifier les mains et la bouche, avant d’assister à la cérémonie. Les pierres de devant étaient utilisées pour les mains, celles de droites et de gauche pour le bougeoir et celle du milieu pour le bassin d’eau chaud. Un élément indispensable par lequel les invités doivent passer avant de commencer la cérémonie.
Un deuxième élément du roji est les lanternes, nommées Ishi doro (lanterne de pierre).
De bases considérées comme un objet sacré japonais, Sen no Rikiu n’a pas hésité à les introduire dans son jardin. Ainsi, elles éclairent la nuit et apportent une connotation religieuse au lieu.
Enfin, le troisième élément du roji est les Tobi Ishi, les pierres que l’on saute. Ce n’est autre que de petites pierres plates disposées à ras du sol. Elles permettent de circuler dans le jardin, et servent à guider et rythmer les pas des invités jusqu’au pavillon de thé.
L’esthétique et la végétation
Murata Jukô est considéré comme le premier homme à avoir mis au point le wabi-cha (une cérémonie rustique). Quelque temps plus tard, il sera celui qui y apportera quelques modifications.
Le jardin doit donc permettre aux invités de se focaliser sur la cérémonie et non être trop voyant. D’après cet homme « il n’est pas souhaitable que l’apparence du roji soit trop raffinée ».
Pour ce faire, la composition paysagère est réduite à sa plus simple expression : un saule pleureur, une haie de bambou recouverte par une vigne et en arrière-plan, une pinède. Il ne doit apparaître aucune connotation de pouvoir ou richesse. Cet éden doit être une représentation de la nature à taille réelle.
D’ailleurs, Sen no Rikyû préconisait 60% pour le passage et 40% pour le paysage. On préférait privilégier son aspect fonctionnel plutôt que son esthétisme.
Maison de thé
Une fois le jardin japonais traversé, les invités ont accès un ce qu’on appelle une maison de thé.
Cette petite maison est partagée par le maître du thé et ses hôtes.
Peu importe le niveau social de chacun, ils sont tous mis à un pied d’égalité pour partager ce moment de convivialité.
La décoration du lieu est à la fois sobre et épurée. Elle change en fonction de l’humeur, des saisons et du goût du maître. Peu importe où va se poser notre regard, tout est fait pour que cela soit agréable.
Pour cette cérémonie, le maître utilise le Chanoyu, soit l’art de préparer du thé. Il fait chauffer de l’eau dans une bouilloire métallique, nettoie les bols et les feuilles de théier, ainsi que les autres ustensiles. Il verse à l’aide d’une cuillère en bambou, les feuilles réduites en poudre dans un bol puis l’eau chaude.
Enfin, après ce magnifique parcours dans cet éden, la cérémonie peut commencer…